Article mis à jour le 05 janvier 2021

Le marché des cosmétiques naturels et biologiques est en plein boom. La demande et l’offre de ces produits s’intensifient. En parallèle, la réglementation évolue. En effet, la seconde partie de la norme internationale ISO 16128 vient d’être publiée. Elle permet de définir les ingrédients biologiques ou naturels des cosmétiques. Les acteurs de l’industrie cosmétique pourront dorénavant parler le même langage grâce à ce texte d’harmonisation. Alors qu’en est-il exactement ?

Cosmétiques naturels et bio : focus sur les ingrédients

La norme ISO 16128 définit 4 catégories d’ingrédients :
– Les ingrédients biologiques
– Les dérivés biologiques
– Les naturels
– Les dérivés naturels (issus de réactions chimiques à partir de matières premières)

Pour chaque catégorie d’ingrédients, la norme donne un indice de naturalité aux ingrédients. Par exemple, les ingrédients dérivés du naturel peuvent contenir jusqu’à 49 % de matières premières issues de la pétrochimie.
Cette norme peut être appliquée volontairement par les fabricants, et son utilisation ne fait pas l’objet de contrôle, contrairement aux produits certifiés.

Selon le site de l’AFNOR, « appliquer la norme volontaire ISO 16128 ne permet pas d’apposer l’appellation ou le logo BIO sur son produit fini. Elle lui permet tout au plus d’indiquer, sur l’emballage, la part de produits naturels ou biologiques qu’il contient ».
Elle n’impose pas de pourcentage minimal d’ingrédients naturels ou bio, contrairement au référentiel Cosmos par exemple.

Cosmétiques Ecocert

Selon un communiqué d’Ecocert*, sur cette norme, celui-ci nous sensibilise sur 3 dispositions qui pourraient prêter à confusion :

  • La qualification comme « ingrédient naturel » d’ingrédient issus d’OGM y compris en Europe. Les ingrédients issus d’OGM représentent aujourd’hui une partie non négligeable des composants de la cosmétique conventionnelle.
  • L’autorisation de substances pétrochimiques (parabènes, solvants pétrochimiques…) dans la composition de tous les produits (y compris ceux avec un indice de naturalité ou d’origine biologique)
  • L’instauration d’un mode de calcul d’indices de naturalité et d’origine biologique pouvant entraîner la confusion quant à la teneur en ingrédients bio et/ou naturels d’un produit. Ce mode de calcul permet par exemple de calculer un indice d’origine naturelle ou bio sur un produit, alors qu’aucun ingrédient n’est réellement naturel ou certifié bio.

Cosmébio, label de la cosmétique BIO

Selon Cosmébio, à cause de cette norme, « les marques pourront renforcer les allégations greenwashing sur leurs packagings et publicités ».
Prenons l’exemple d’une crème pour les mains. Dans la formule, il y a des dérivés naturels (selon la norme ISO). D’après les calculs, ces ingrédients représentent 80 % du produit fini. Sur le pack, il est donc possible d’écrire « contient 80 % d’ingrédients d’origine naturelle selon les définitions de la norme ISO 16128 », même si le produit contient du silicone (donne une apparence hydratée à la peau) et du phénoxyéthanol (conservateur polémique) dans les 20 % restants.

Selon Cosmébio, pour faire face à cette norme, il faut avertir le consommateur et lui rappeler de bien regarder la liste INCI et de se fier aux garanties des labels bio qui apparaissent en facing sur le pack du produit.

En conclusion, cette norme est beaucoup moins stricte que celle des labels BIO. Les consommateurs risquent peut-être de s’y perdre entre la naturalité réelle de certains produits et les dérivés naturels contenant des produits de la pétrochimie ! Les cosmétiques BIO restent aujourd’hui un gage de qualité, notamment avec le label BIO apposé en facing.

Légende  : *Organisme de contrôle et de certification de produits biologiques

Auteur : Maggy Lebordais, Consultante en Réglementation Compléments alimentaires et Cosmétiques

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