Article mis à jour le 05 janvier 2021

Selon la FAO, d’ici 2050, nous serons plus de 9 milliards de personnes sur terre. Il sera donc de plus en plus difficile de répondre aux besoins nutritionnels de la population, notamment en protéines. En parallèle, les élevages actuels posent de nombreux problèmes environnementaux. D’une part, ils impliquent une production de gaz à effet de serre (GES) et une pollution chimique. D’autre part, la déforestation de certains espaces pour augmenter la surface de production diminue la captation du CO2 émis par les élevages. Dans ce contexte actuel de crise écologique et démographique, des solutions doivent être trouvées pour répondre aux besoins nutritionnels d’une population croissante tout en respectant notre planète. L’élevage d’insectes semble être une solution alternative pour répondre à ces nombreux problèmes.

L’entomophagie, une solution alternative

L’entomophagie caractérise la consommation d’insectes. Ce régime alimentaire existe depuis des décennies dans certaines régions du monde mais est très peu développée dans la société occidentale.

Une solution environnementale

Comparativement à l’élevage de bovin, l’entomoculture (production d’insectes) réduit considérablement la production de GES. En effet, produire un kilo de vers de farine entraîne l’émission de 10 à 100 fois moins de pollution que produire un kilo de viande de porc. L’un des autres avantages de l’élevage d’insectes est la surface de production qui est négligeable face aux autres élevages. De plus, ils peuvent également être élevés sur les déchets organiques issus de l’industrie alimentaire et demandent significativement moins d’eau que le bétail. L’entomoculture représente donc un faible impact environnemental.

Une productivité considérable

L’élevage d’insectes à l’avantage d’avoir une productivité considérable comparativement à l’élevage bovin. Par exemple, 10 kg de nourriture permet la production de 9 kg de sauterelles contre 1 kg de bœuf. De plus, pour une centaine d’espèces d’insectes nous pouvons comptabiliser une reproductibilité de 15 générations par an.

Une composition nutritionnelle plus qu’intéressante

Les insectes présentent une composition nutritionnelle intéressante notamment en protéines et pourraient être une alternative aux aliments « viande, poisson, œufs » du PNNS. Ils sont actuellement consommés séchés, grillés ou sous forme de farine dans les pays consommateurs. Cette teneur faible en eau entraîne une concentration des nutriments dans le produit fini. De plus, la composition nutritionnelle est spécifique à chaque insecte. La teneur en protéines varie de 12 à 76% pour 100g selon les espèces. Certains insectes sont également riches en lipides avec par exemple une composition notable en acides gras insaturés comme pour les vers de farine :

Lipides 40g
Acides gras saturés 9,6g soit 25% des acides gras totaux
Acides gras monoinsaturés (oméga 9) 19,4g
Acides gras polyinsaturés Oméga 3 : 0,6%

Oméga 6 : 21%

Si l’on compare les valeurs nutritionnelles des insectes à des produits carnés, nous pouvons observer que les insectes présentent de nombreux avantages :

Aliments/100g Énergie (kcal) Protéines Lipides Glucides
Steak haché de bœuf 15% de matières grasses 221 19% 15% 0%
Filet de poulet 121 26% 1,76% 0%
Filet de saumon 170 20% 10-15% 0%
Vers de farines 569 47% 39% 5%

Une réglementation française qui fait barrage pour la commercialisation des insectes

Malgré l’enthousiasme des industriels et de la FAO au sujet de la valorisation de la production d’insectes pour la consommation humaine, la réglementation actuelle ne permet pas la commercialisation d’insectes sur le territoire français. En effet, l’ANSES reste prudente sur ce sujet et met en garde sur plusieurs dangers potentiels de la consommation d’insectes. Il est cependant noté que l’élevage industriel permet un meilleur contrôle de la qualité des insectes, une meilleure traçabilité et la diminution des risques pour la santé humaine. Les industriels et producteur d’insectes attendent donc une évolution de la réglementation permettant la commercialisation de leurs produits en France.

En conclusion, nous pouvons voir que les insectes ont de nombreux intérêts pour répondre aux problèmes démographiques et écologiques actuels. Cependant, la réglementation ne permet ni la commercialisation ni la consommation de ces insectes par la population en France. A l’occasion de la rédaction de cet article, Les Phytonautes ont pris contact avec une entreprise située à Vay dans le 44 produisant des vers de farines : Innoprotea. Vous pouvez retrouver l’interview sur notre Blog.

Sources:

  1. Avis de l’ANSES relatif à « la valorisation des insectes dans l’alimentation et l’état des lieux des connaissances scientifiques sur les risques sanitaires en lien avec la consommation des insectes »
  2. Hubert Barennes et al, 2015 ”Insect Consumption to Adress Undernutrition, a National Survey on the Prevalence of Insect Consumption among Adults and Vendors in Laos”
  3. « Insectes comestibles : perspectives pour la sécurité alimentaire et l’alimentation animale », FAO, 2014
  4. « La comestibilité des insectes : étude exploratrice chez les jeunes consommateurs français », C. Gallen et al, 2015